Keynésianisme : la critique de la théorie Keynésienne

La remise en cause de l’interventionnisme de l’État dans l’économie.

Le keynésianisme est une école de pensée économique fondée par l’économiste britannique John Maynard Keynes (5 juin 1883 – 21 avril 1946). Pour les keynésiens, les marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas forcément à l’optimum économique. En outre, l’État aurait un rôle à jouer dans le domaine économique notamment dans le cadre de politique de relance. Keynes est reconnu comme le fondateur de la macroéconomie moderne.

Différentes objections à l‘intervention de l’Etat. Elles sont apparues progressivement depuis la fin des années 50.

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a) Extension du modèle keynésien

Dans cette partie, nous présentons une critique des résultats obtenus dans le cadre du modèle IS-LM en faveur d’une politique interventionniste.

L’impact négatif de la relance budgétaire.

Milton Friedman a émis l’idée que a relance budgétaire n’était que peu efficace en raison de a hausse du taux d’intérêt qu’elle induit.

Il pose l’hypothèse que cette relance est financée par l’emprunt.

Si l’Etat emprunte pour financer des dépenses nouvelles : la hausse de la demande de fonds prêtables qui en découle sur les marchés financiers entraîne une hausse des taux d’intérêts.

Si la hausse du taux d’intérêts est très importante, l’investissement va fortement diminuer et donc quasiment annuler la relance initiale.

A la limite, si l’investissement est infiniment élastique aux taux d’intérêt, l’effet positif d’une hausse des dépenses publiques sera entièrement contrebalancé par une baisse de l’investissement privé. C’est l’effet d’éviction par les taux d’intérêt.

La contrainte liée aux échanges extérieurs.

Il est nécessaire de sortir de notre cadre à un seul psy et de considérer au moins un autre pays. Nous passons du cas d’une économie fermée (que mon pays) à celui d’une économie ouverte (interaction de mon pays avec l’étranger)

Si l’Etat pratique une relancé budgétaire, la consommation va augmenter. Les individus vont acheter à la fois des biens nationaux mais aussi des biens fabriqués à l’étranger.

En conséquence, une partie de la relance bénéficiera à l’industrie des autres pays. L’effet bénéfique dela relance est amoindri pour le pays qui l’initie. C’est l’effet d’éviction par les importations.

b) Rationalité et crédibilité de la politique économique (Des remises en cause de la manière de pensée Keynésienne).

Le modèle keynésien sous-estime les réactions des agents aux mesures économiques choisies par l’Etat. Il surestime les capacités de cet Etat à mettre en place des politiques efficaces.

Rationalité et anticipations

Si on retourne aux fondements du modèle IS-LM que constituent les équations de comportement.

Keynes suppose que la consommation est fonction du revenu disponible courant.

Que se passe-t-il si on pense qu’en cas d’augmentation des dépenses publiques, les agents anticipent une hausse des impôts demain ?

Les agents savent que cette mesure de baisse d’impôt creuse le déficit budgétaire de l’Etat et augmente sa dette.

Cette dette supplémentaire devra un jour être remboursée par des impôts futurs.

Certes, face à une hausse du revenu aujourd’hui, les ménages veulent consommer plus.

Mais anticipant une hausse des impôts demain, ils sont en revanche incités à ne pas consommer cette augmentation de revenu.

Ils épargnent dès maintenant afin de pouvoir faire face demain à ces impôts supplémentaires.

Ce type d’effet d’éviction fiscal direct est appelé l’équivalence Ricardienne.

Il provient du fit que les agents regardent l’ensemble de leur revenu sur les différentes périodes pour faire leurs choix de consommation et non pas uniquement le revenu de la période courante.

Si on continue à s’interroger sur les hypothèses de comportements dans le modèle keynésien, force est de constater que peu de choses sont dites sur les effets incitatifs des prélèvements.

On sait que les comportements d’offre de travail ou pour les entreprises d’incitations à investir, innover, dépendent du retour financier que ces activités laissent espérer.

Ainsi, lorsque le montant des impôts augmente avec le niveau de l’activité, les impôts peuvent provoquer des distorsions. (Une distorsion : c’est affecté les décisions réelles des agents).

L’impôt peut affecter différentes décisions des agents économiques.

Citons par exemple :

1- Le choix entre consommation et loisir, car le loisir est le seul bien non taxé.

2- Le choix entre travail domestique et travail marchand, car le travail domestique non-marchand échappe aux taxes.

3- Le choix entre travail marchand déclaré et le travail marchand non déclaré, pour les mêmes raisons (travail au noir/ baby Sitter, etc et donc réduction d’impôts).

Le travail au noir constitue l’une des formes d’évasions fiscale.

4- Une certaine concurrence fiscale peut s’instaurer entre différents pays.

Pour des économistes hostiles à l’intervention publique : au-delà d’un certain taux de taxation, les modifications de comportement sont telles que suite à une nouvelle augmentation des impôts, les recettes de l’Etat vont diminuer.

C’est l’idée de la courbe d’Arthur LAFFER. (Figure : la courbe de LAFFER sur moodle)

C’est le fameux « trop d’impôt, tue l’impôt ».

La courbe de LAFFER existe-t-elle ?

Il ne fait aucun doute qu’une relation non monotone existe :

Une relation monotone : une relation où le sens de variation de change pas (la courbe reste le temps constant, décroissant ou alors croissante.

Une relation non-monotone : est parfois décroissante, parfois croissante.

Lorsque le taux d’imposition est nul, les recettes fiscales sont nulles ;

Lorsque le taux d’imposition est de 100%, elles sont de nouveau nulles car la base taxable est devenue nulle.

Entre les deux, il n’y a pas de consensus.

Les taux actuels sont-ils tellement élevés qu’une baisse augmenterait les recettes fiscales ?

Pour les économistes libéraux, les pays développés seraient dans la partie droite de la courbe.

Une baisse des taux d’impositions serait donc non seulement bonne pour les incitations des agents mais également pour le Budget de l’Etat.

Tous les économistes sont d’accord pour dire qu’en fait, si les effets désincitatifs existent, il n’a jamais été observé qu’une baisse des taux permette d’augmenter les recettes fiscales.

Crédibilité de la politique économique

On peut analyser la politique économique comme un jeu.

Le concept de jeu en économie désigne les situations où les parties prenantes d’une situation tiennent compte du comportement des autres agents dans le choix qu’ils vont effectuer.

Ce jeu s’établit entre l’Etat d’une part, et les agents privés (firmes et individus) d’autre part.

Chacun prend ses décisions en anticipant les décisions présentes et futures prises par les autres joueurs.

On parle d’interactions stratégiques.

Il est fréquent que les agents privés cherchent à anticiper la politique économique du gouvernement.

Lorsque ménages et entreprises prennent des décisions qui les engagent dans le futur, ils essayent d’anticiper les politiques économiques qui seront en vigueur à ce moment-là.

Exemple : j’envisage d’acheter un appartement au cours des prochaines années.

Si je pense que les taux d’intérêts vont augmenter fortement l’année prochaine en raison d’une politique monétaire qui sera plus restrictive, j’ai intérêt à réaliser cet achat aujourd’hui plutôt que l’année prochaine.

Bien souvent, l’Etat choisit en premier, les autres agents (consommateurs, producteurs) prenant leur décision ensuite.

Fréquemment, une fois que l’Etat a décidé d’une politique économique, et que les agents privés ont pris leurs décisions de consommation et de production, l’Etat peut avoir intérêt à ne pas mener la politique qu’il avait annoncée initialement.

D’où un problème de crédibilité de l’Etat, si la situation se reproduit régulièrement.

Les agents privés ne se fient plus à ce que l’Etat annonce, mas à ce qui sert ses propres objectifs.

Paradoxalement dans un tel contexte, l’Etat peut parvenir à ses objectifs en choisissant de se priver de certaines possibilités.

Tel est le cas lors de situations d’incohérence temporelle.

Il s’agit des situations dans lesquelles l’Etat a intérêt à suivre un politique différente de celle qu’il a annoncée.

Premier exemple : la prise d’otages.

La plupart des gouvernements déclarent ne pas négocier avec d’éventuels preneurs d’otages.

Le but de ces annonces est bien entendu de décourager les rapts.

Devant une prise d’otages, de nombreux gouvernements négocient quand même

Ils font preuve d’incohérence entre leurs annonces initiales et leurs décisions finales, parce qu’annonces et décisions sont à deux dates différentes.

Second exemple : la tenue des examens

Les enseignants aimeraient annoncer la tenue d’examens pour que les étudiants trouvent les incitations à travailler.

Ils souhaiteraient par la suite ne pas tenir d’examens afin de ne pas devoir corriger.

Si les enseignements étaient libres de choisir, ils annonceraient toujours qu’il y aura un examen à la fin du semestre sans jamais en faire une fois la fin du semestre venue.

Mais les étudiants vont s’attendre à ce quil y ait pas d’examens.

L’annonce initiale n’est donc pas crédible.

Troisième exemple : Ulysse et les sirènes.

Au cours de l’Odyssée, Ulysse est confronté aux sirènes et à leurs chants.

Il ordonne à ses marins de se boucher les oreilles de cire et de l’attacher au mât pour ne pas succomber aux chants des sirènes qui les attirent vers des rochers.

Il donne cet ordre car il sait qu’une fois près des sirènes il prendra une décision qu’il estime aujourd’hui ne pas être la meilleure.

L’incohérence temporelle se manifeste par le fait qu’un même individu revienne sur ses engagements passés car il n’est pas dans son intérêt de les tenir.

Le problème de la crédibilité des annonces de politique économique.

Le gouvernement va-t-il vraiment renoncer à négocier avec les preneurs d’otages même si cela se révèle, à ce moment-là, la meilleure décision ?

Or lorsque le gouvernement n’est pas crédible, des prises d’otages et des négociations ont lieu.

Il y a donc un gain important à la crédibilité.

Comment convaincre les agents privés que l’on ne va pas revenir sur ses engagements ?

La seule solution est d’empêcher aujourd’hui que le gouvernement puisse changer sa politique économique demain.

Exemple d’incohérence temporelle de la politique économique.

Supposons que l’Etat annonce une politique fiscale pour inciter les agents à augmenter la production.

Il annonce une baisse des cotisations sociales sur les salaires pour les 5 années suivantes.

Les entreprises ont alors de plus fortes incitations à investir et à créer des emplois

Mais supposons qu’au bout de trois ans, l’Etat revienne sur sa parole et augmente les cotisations sociales pour revenir au taux de prélèvements initial.

Si les entreprises ont été naïves, elles ont augmenté leurs activité et leurs bénéficies permettant alors à l’Etat de taxer à un taux identique un volume d’activité plus important.

Supposons maintenant que les agents économique soient rationnels et sachant qu’il sera dans l’intérêt de l’Etat dans trois mois de revenir sur sa parole.

Ils anticipent donc la hausse prochaine des cotisations sociales malgré les promesses de l’Etat.

Ils vont donc être réticents à augmenter leur activité

La politique économique initiale de l’Etat n’aura alors que eu d’impact.

Le problème vient du fait que l’Etat ne peut pas se contraindre à respecter sa parole.

Mais une fois que les autres agents ont pris leur décision (par exemple, augmenter leur activité), il a intérêt à revenir sur sa parole et rien ne peut l’en empêcher.

Ainsi, l’Etat ne peut pas s’engager de façon crédible et cela limite fortement la portée de ses mesures.

Une solution est de se lier les mains et inscrire dans la constitution qu’il est impossible de revenir sur la promesse de baisse d’impôts.

Les politiques de règles comme solution au problème de l’incohérence temporelle.

Ce type de politique que l’on s’impose une fois pour toutes est qualifié de règle, par opposition à une politique discrétionnaire.

Dans le domaine de la politique monétaire, l’instauration d’une banque centrale indepedance a pour objectif de renforcer la crédibilité de l’action publique sur le marché de la monnaie.

Lorsque les gouvernements utilisent la politique monétaire pour arbitrer entre inflation et chômage, ils peuvent être tentés d’annoncer de lutter contre l’inflation.

Si les agents croient à cette annonce, l’Etat peut mener une politique monétaire accommodante, pour réduire le salaire réel et donc augmenter l’emploi.

La crédibilité de la politique monétaire est alors menacée.

Peut-il renoncer à la tentation d’essayer de surprendre les agents pour faire baisser temporairement le chômage ?

Pourquoi les banques centrales sont-elles indépendante ?

L’évolution récente des institutions monétaires et de leurs pratiques s’inscrit totalement dans cette logique.

Les banques centrales dans de nombreux pays sont aujourd’hui indépendantes du pouvoir politique.

Cela leur permet de résister aux pressions éventuelles de gouvernement cherchant à lutter temporairement et artificiellement contre le chômage

La BCE a pour unique objectif de contrôler la stabilité des prix, c’est à dire la lutte contre l’inflation

Le chômage par contre n’est pas mentionné dans ses statuts.

Disposer d’un banquier central conservateur renforce la crédibilité des politiques monétaires.