L’école de Chicago

L’École de Chicago :

Courant sociologique qui a donné des travaux entre les années 1915-1940.

Ecole de Chicago (1930) de façon rétrospective pour désigner ce courant sociologique. Ce courant se distingue par deux choses essentielles :

– le développement des techniques d’enquêtes qualitatives

– le développement de la sociologie urbaine

Les origines :

– L’université de Chicago est créée en 1890, accueille les premiers étudiants en 1892. Le département de sociologie de l’université est créé dès 1892 par un des premiers sociologues américains Albion Small. Il n’a pas eu une production étonnante de sociologie mais instaure ce primat accordé au terrain, nécessité d’aller sur le terrain, d’observer ce qui se passe. Il disait que les étudiants ne devaient pas s’adonner à la réflexion théorique de « fauteuil ». S’intéresse de l’habitat dans les relations sociales. Il encourage ses étudiants à observer les communautés dans lesquels il vit, de faire des monographies, à dresser des cartes de leur environnement. C’est lui qui décide d’utiliser la ville de Chicago comme objet de terrain privilégié. Il crée en 1895 : « American Journal of Sociology », un an avant « L’année sociologique » de Durkheim.

La ville de Chicago concentre toutes les problématiques urbaines que connaissent les Etats Unis. Phénomène d’expansion urbaine absolument sans précédent. Ce développement génère et est généré par un mouvement migratoire énorme, d’une part du Middle-west mais aussi immigration européenne.

En 1900 plus de moitié de la population de la ville est né hors des E-U. Chicago est une ville industrielle, capitale de l’industrie aux E-U. C’est une ville qui connait des émeutes, grèves ouvrières et également apparaissent les premiers gratte-ciels, avec notamment la fameuse « Ecole de Chicago », qui sera en amont avec ce courant.

L'école de Chicago

Les sociologues de l’école de Chicago sont attirés par deux aspects :

– pragmatique (comprendre l’ordre social et éventuellement y apporter des remèdes, grâce à des travailleurs sociaux, et d’autre part

– s’inscrire dans une dimension proprement scientifique)

La ville comme intérêt sociologique n’apparait pas avec l’Ecole de Chicago. Marx s’est beaucoup intéressé à cette ville car elle est le lieu du développement industriel, et l’emblème du développement capitaliste. Durkheim aussi, car pour lui, c’est le lieu où se développe l’individualisme, le lieu de l’anomie par excellence, solidarité organique. Weber, la ville c’est d’une part le lieu du centralisme bureaucratique (ou se centralise le pouvoir moderne) mais c’est aussi dans les villes où se développement les champs économiques, capitalisme.

-> Georges Simmel : sociologue européen. La ville constitue le passage d’un mode de vie communautaire, rural, traditionnel à un mode de vie anonyme, individualiste et mode de vie de masse, regroupement de masse.

Sa théorie urbaine : en ville, les individus sont décomposés en plusieurs sous-identités. Dans la ville, les individus sont soumis à un double processus, c’est-à-dire d’une part à une très grande proximité géographique mais en même temps une très forte distance sociale. Il va avoir une très grande influence des sociologues de l’Ecole de Chicago, et certains ont même suivi ses cours en Allemagne.

Les méthodes de recherches de cette école :

Interactionnisme symbolique : un des grands instigateurs Georges Herbert Mead (1863 -1931), qui était enseignant chercheur à l’université de Chicago. Philosophe de formation. Pour lui les activités sociales ne peuvent être saisies qu’à travers les interactions qui se nouent entre les acteurs. Il faut selon lui, partir des interactions, de la conception que les acteurs se font du monde social. Dénomination postérieure car elle va être utilisé bien après la mort de Mead. Influence considérable sur le courant sociologique de l’Ecole de Chicago. Influence notamment sur les techniques d’investigations sur le terrain.

C’est véritablement l’Ecole de Chicago qui va développer les techniques du terrain (interview, observation participante et non partisante, témoignages, autobiographies, correspondance privée qui peut être source empirique)

Récits de vies : Suzerland, qui a fait une recherche sur les voleurs professionnels, en faisant beaucoup de récits de vie des voleurs qu’il a rencontrés à Chicago.

Premières expérimentations de l’observation participante avec deux modes :

-> Observation participante cachée ou couverte (le chercheur ne révèle pas son identité. Ne se fait plus pour problèmes de déontologie)

-> Observation participante à découvert (il révèle)

En ce qui concerne la déontologie justement, Robert Park stipule qu’il doit y avoir une frontière entre le chercheur et son objet, c.-à-d. que le chercheur ne doit pas interagir avec son objet de recherche. Il ne faut pas interagir avec l’objet de recherche car il pourrait dénaturer cet objet.

Immigration et relations inter-ethniques : William Thomas

Deux grandes vagues d’immigration (irlandais/allemand/scandinaves) et (polonais/tchèques/italiens). Il remarque que des quartiers se constituent géographiquement sur un mode ethnique à Chicago. Les sociologues s’attachent à contredire les préjugés racialistes qui se développent à leur époque, et selon lesquels, les différents modes de vie des populations et surtout les problèmes rencontrés dans les ghettos d’immigration, étaient dus à des dimensions biologiques, raciales. Or les sociologues y apportent une interprétation sociologique, culturelle. Mais le problème rencontré par l’immigrant serait pour eux dû à une transplantation culturelle avec des nouvelles règles de vies, économiques, juridiques, qui perturberaient les nouveaux arrivants.

  • Notion de désorganisation sociale : l’organisation sociale est pour lui lorsque les attitudes collectives priment sur les intérêts individuels. Il y a à l’inverse désorganisation sociale lorsque les collectives s’affaiblissent avec le corolaire.

Tout l’enjeu d’une assimilation réussi réside dans le fait que l’immigrant se socialise de nouvelles valeurs collectives de la société américaine. Avec la nuance près, pour lui, la désorganisation ne provient pas de l’immigration à proprement parler.

Robert Park et Ernest Bergues : dans une enquête très célèbre, essayent de comprendre la structuration ethnique de la ville de Chicago mais aussi de comprendre ses évolutions spatiotemporelles. Ils distinguent trois types de quartiers d’implantation :

– les quartiers des primo arrivants et qui se regroupent en fonction de critères ethniques

– ceux qui parmi les primo arrivants ont réussi économiquement

– les quartiers de la dispersion et du mélange social, ceux qui ont réussi économiquement mais veulent quitter le ghetto. Seulement, il y a phénomène ou les pop déjà installés soit aptes à comprendre cet afflux de nouveaux immigrants, et refus de mixité social.

Park souligne l’importance des communautés locales, l’importance de leurs organisations politiques, importance des églises sur la socialisation des individus. La famille subit des transformations fondamentales.

Comme conséquence de la désorganisation sociale : développement de la délinquance (Frédéric Trasher)

Le déclin de cette école : raisons politiques. La socio américain s’est constitué à Chicago sein de l’université de Chicago, et ce qui fait que les sociologues de l’université de Chicago trustaient American Sociological Society.

Raison scientifique : à partir de 1937, nouveau paradigme sociologique se développe celui de Talcott Parsons