L’organisation du transport en France et ses sources juridiques

Organisation et sources du droit des transports

Le transport est ainsi devenu l’expression la plus fréquente de l’activité commerciale, il repose sur l’échange et la répartition des richesses et rejaillit sur la vie quotidienne. En effet, l’individu a besoin de se déplacer pour exercer son activité professionnelle. En parallèle, le développement des loisirs et de la notion de temps de travail a donné l’occasion aux individus de voyager seuls, de manière organisée ou ad hoc (croisières, charters). Par ailleurs, la qualité de vie est devenue est concept important, la publicité et la société de consommation suscitent de plus en plus le déplacement des marchandises. L’accès est de plus en plus mis sur les produits naturels ou frais de telle sorte que le consommateur souhaite de tels produits en toute saison ce qui implique des déplacements rapides pour les produits périssables selon les saisons, le climat et le lieu de production. L’activité de transport constitue donc à la fois un facteur de progrès et un critère de développement économique, autant vis-à-vis des personnes que des marchandises. Etant donnée l’importance du transport, les pouvoirs publics s’y intéressent, toute tendance politique confondue. La politique des transports passe par l’amélioration des modes de transport (métro, TGV etc.) et des structures (aéroport, voies ferrées, routes), elle va aussi générer des techniques nouvelles considérées comme des moyens de transport car elles entraînent des circulations: oléoducs et gazoducs. Les recherches spatiales (navettes) sont aussi faites dans une optique de transport.

Par ailleurs, les transports sont aussi un domaine privilégié d’expression des politiques communautaires ce qui complique souvent les législations puisque les mesures nationales et européennes se juxtaposent. Cette complexité se retrouve dans les sources et l’organisation du droit des transports français.

Section 1: L’organisation des transports

L’organisation des transports repose en France sur des structures administratives et professionnelles chargées de mettre en œuvre la politique française et européenne de transport. Il y a autant de structures administratives et professionnelles que de type de transport, seul le ministère des transports est unique. S’agissant du transport routier:

1) Le ministère des transports

Il s’agit souvent d’un ministère autonome mais il peut être doublé de l’équipement. Les interventions du ministre sont nombreuses et dans des domaines variés. Toutes les décisions prises sont susceptibles de recours devant le juge administratif. Le ministre actuel est M. Perben, le ministère se trouve dans l’arche sud de la défense.

2) Le Conseil national des transports (CNT)

Créé par la loi du 30 déc. 1982 d’orientation des transports intérieurs (LOTI).

Composition: représentants du parlement et des collectivités territoriales, représentants des entreprises de transport, représentants des salariés du transport, représentants des usagers et de représentants de l’Etat nommés en raison de leurs compétences.

Le CNT peut créer des comités régionaux et départementaux, présidés par le préfet.

Missions:

  • rôle consultatif: le CNT émet un avis consultatif sur les questions soumises par le ministre et chaque fois qu’une loi ou un règlement impose sa consultation.
  • surveillance: le CNT surveille le fonctionnement des transports et en particuliers les schémas nationaux de développement des transports et des infrastructures.

Le CNT rédige un rapport annuel et fait des propositions au ministre à condition qu’elles aient été avalisées par au moins 2/3 de ses membres.

3) Le Conseil national de la coordination tarifaire (CNCT)

Le CNCT comprend des représentants de la SNCF, de réseaux ferrés de France ainsi que de transporteurs, loueurs et commissionnaires. Ainsi, hormis les représentants de la SNCF, tous sont des représentants d’organismes professionnels d’où une certaine indépendance vis-à-vis de l’Etat quant à l’établissement des tarifs.

4) Les organes professionnels

A) Le comité national routier (CNR)

Le CNR a été créé par le décret de 1989 qui le qualifie de comité professionnel de développement économique.

Composition: 18 membres choisis par le ministre sur proposition des organisations professionnelles représentatives.

Mission: observer le prix et le coût des transports afin d’établir à titre indicatif des tarifs de référence.

B) Les bureaux régionaux de fret

Ils ont été créés pour informer les professionnels et les usagers sur les besoins, les ressources, les tarifs et les prix pratiqués dans la région.

Section 2: Les sources du droit des transports

1) Les sources classiques françaises

Le droit des transports est défini de manière générale comme la branche du Droit s’intéressant au déplacement des choses ou des personnes, ce déplacement s’opérant grâce à un engin mobile. Le droit des transports décrit les mécanismes juridiques qui assurent et organisent le transport et en jugule les conséquences.

Le développement constant du transport marchand international a également provoqué en droit interne l’adoption de contrats-types et à l’échelon international de conventions uniformes puisqu’il a fallu passer outre la complexité du droit interne.

Le droit commun du transport

  • Le Code civil considère le contrat de transport comme une espèce principale de louage d’ouvrage et d’industrie Livre 3, Titre 8 Chap. 3. Code Civil Article1782 à 1786 concerne les voituriers par air (ce qui comprend donc la terre) ou par eau. Ces dispositions s’adaptent à tous les types de transport mais font peser sur le voiturier une obligation de résultat tout en laissant une grande liberté au contrat que peuvent passer les voituriers avec les autres personnes, les dispositions du Code Civil étant purement supplétives.
  • Le Code de commerce est plus précis, l’ancien Code s’intéressait à la fois aux commissionnaires de transport et aux voituriers, il envisageait notamment leur responsabilité. L’actuel Code de commerce est issu de l’ordonnance du 18 sept. 2000 Article L132-3 à -9 pour les commissionnaires, L133-1 à -7 pour les voituriers.

Ces dispositions du Code civil et Code de commerce constituent ainsi le droit commun du transport qui va s’appliquer en l’absence de lois spéciales et de textes internationaux ou communautaires.

Le droit spécial du transport: il existe une série de lois particulières qui s’appliquent à un type de transport déterminé:

  • loi du 18 juin 1966, modifiée en 1986 sur le transport maritime
  • loi du 30 déc. 1982 d’orientation des transports intérieurs (LOTI) affirme le droit au transport et prévoit des contrats-types
  • loi Gayssot du 6 fév. 1998 a modifié notamment la définition et le régime des contrats de transport (en y intégrant le destinataire)

2) Les sources internationales

Tous les textes européens et internationaux en matière de transport sont impératifs et directement applicables. Ils édictent des règles matérielles qui se substituent aux textes français régissant la même question chaque fois que le transport est international. Les textes les plus fréquemment appliqués par les tribunaux français sont:

  • Convention de Berne du 14 oct. 1890 concernant les transports ferroviaires de marchandises et s’appliquant à tous les envois de marchandises effectués sur un parcours empruntant les territoires d’au moins deux Etats parties.
  • Convention de Bruxelles du 25 août 1924 pour l’unification des règles en matière de connaissement, concernant les marchandises circulant entre des ports d’Etats différents.
  • Convention de Varsovie du 12 oct. 1929 pour l’unification des règles relatives aux transports aériens internationaux de marchandises
  • Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport international de marchandises par route (CMR) s’appliquant à tout transport routier de marchandises à titre onéreux fait au moyen d’un véhicule automobile simple ou articulé, remorque ou semi-remorque dont le lieu de prise en charge est le lieu de livraison sont situés dans deux Etats différents dont l’un au moins est contractant. La France a ratifié la CMR, la CMR s’applique donc à tout transport routier international de marchandise ayant pour départ ou arrivée la France.

Le droit des transports présente 3 caractéristiques :

  • – le droit des transports reste profondément marqué par le droit commun des contrats: les actes de transport (Partie 1)
  • – le régime de responsabilité s’agissant de l’imputabilité ou de la réparation est spécifique et lié aux opérateurs du transport: les acteurs du transport (Partie 2)
  • – le contentieux et les voies d’action sont spécifiques et dépendent du type de transport et de l’opérateur: les actions du transport (Partie 3)