Le bipartisme, le multipartisme et le tripartisme

BIPARTISME / MULTIPARTISME / TRIPARTISME

En réalité, même si les systèmes de partis se définissent par ces trois éléments, il faut bien constater que lorsque l’on décrit ces types de partis, on ne retient que le nombre. Que sont ces 2 types ?

L’idée du bipartisme est qu’il n’y a que deux partis qui comptent dans le jeu politique. On peut distinguer le bipartisme vrai, ou le bipartisme approché.

Le bipartisme vrai, c’est qu’il y a véritablement que deux grands partis qui comptent, chacun des deux ayant vocation a devenir majoritaire et à exercer le pouvoir tout seul. Si d’autres existent, ils sont d’une quantité négligeable et n’influent pas sur l’attribution ou l’exercice du pouvoir.

Exemple en Europe : La Grande-Bretagne connaît un bipartisme constitué des conservateurs et des travaillistes, et les petits partis (dont les libéraux) comptent très peu et n’ont pas empêché l’un des 2 grands d’avoir la majorité (sauf en 1974).

En dehors du RU, l’exemple le plus typique encore est celui des USA, où il y a un bipartisme total entre républicains et démocrates. Les résultats seront que tous les sièges du Sénat et de la chambre des représentants seront attribués au parti républicain ou au parti démocrate. On est dans une situation totale de bipartisme, cela veut dire que l’un des 2 partis aura nécessairement la majorité, mais peut-être des majorités différentes dans les chambres et qu’à partir de là, la question des relations entre le président des USA et le congrès sera posée.

La composition des partis a donc une influence centrale sur le fonctionnement des institutions. Ce bipartisme en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, et un peu dans les pays anglo-saxons (Canada, Australie) est rare en dehors. Cela s’explique par le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour qui se traduit par un phénomène de vote utile. Dans les systèmes politiques nés de cette situation, on a des solutions très simples pour ce qui est de la formation des gouvernements : un parti majoritaire gagne et gouverne, et en cas d’alternance c’est l’autre.

Le cours complet de droit constitutionnel est divisé en plusieurs parties :

La deuxième situation est le bipartisme approché, avec 2 partis et un peu plus. Jean Blondel (politologue français) a inventé l’expression des « demi partis ». Il y a 2 grands partis et un petit qui peut empêcher, par sa seule présence, l’un des 2 grands d’avoir la majorité absolue. S’il y a 2 partis et un petit, le résultat peut être 47 / 47 / 6 et aucun des partis n’a la majorité. Le petit parti devient nécessaire pour faire l’appoint. Le cas typique était celui de l’Allemagne qui longtemps a vécu avec un système de 2 partis et demi. Les deux grands partis sont la CDU/CSU socialiste et le SPD démocrate chrétien ; le FTP est un petit parti libéral qui pouvait s’allier à l’un ou à l’autre. Ce système de 2 partis et demi est souvent lié à la proportionnelle avec barre. Aujourd’hui il y a 2 autres partis (le PDS et aussi les Verts).

Le petit partit est dans une situation où il a l’avantage d’être indispensable, il peut donc monnayer son soutien : il peut se rallier à celui qui lui proposera le plus grand nombre de postes de ministres. Parfois les deux grands partis en ont marre du 3ème petit parti qui cherche à négocier et préfèrent s’allier entre eux.

Dans ces bipartismes approchés, le problème de majorité est un peu plus compliqué que dans le bipartisme pur, mais pas beaucoup plus.

Imaginons qu’il y a 2 grands partis (A et B) et le petit (C). A s’allie avec C ou B s’allie avec C. Si C fait chier, A et B s’allient entre eux. Le problème de majorité n’est donc pas très compliqué. Tous ces bipartismes offrent des solutions gouvernementales assez simples.

Le tripartisme est un cas qui a existé mais beaucoup disparu. Il existe encore un peu en Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, parce qu’il y a un parti socialiste, un parti démocrate chrétien, et un parti libéral important (car le clivage laïque/religieux est resté fort). Le tripartisme pose des problèmes un peu plus important dans les combinaisons arithmétiques.

Le multipartisme, peut être pur ou corrigé (avec un parti dominant).

Le multipartisme pur est l’idée d’un système de partis extrêmement diversifié (5 partis autour de 20% ou 10 parti autour de 10%) : le nombre d’alliance possible est impressionnant. C’est rare et c’est lié à la proportionnelle, cela crée des alliances parlementaires et une très grande instabilité: les majorités sont composites et se divisent facilement, d’autant plus qu’il y a de nombreuses solutions de rechange. Ces cas sont devenus assez rare, historiquement un bon exemple était la 4ème république ou encore la Finlande actuellement, même si elle s’est assagit (son multipartisme s’est en réalité polarisé).

Le multipartisme corrigé caractérisé par l’existence d’un parti dominant. Il y a en général beaucoup de partis avec une importance, mais cette diversité est atténuée par l’existence d’un parti nettement plus important que les autres, c’est-à-dire qu’il domine la vie politique. On peut être considéré comme le parti dominant a partir du moment où on a d’une part 35% des voix et aussi 10 à 15 points d’avance sur le parti suivant. Et donc, le parti dominant devient le point de passage pour tout gouvernement ou alors cas extrême, tout le monde doit se mettre contre lui. Ce parti dominant peut être surqualifié par sa taille ou par sa situation.

  • Par sa taille: le cas des partis socio démocrates scandinaves qui faisaient 40 ou 45% quand le deuxième faisait 20%. Même avec alliances, c’est difficile d’être contre lui.

Suède, élection du 15 sept 2002 : le parti social démocrate fait 39,9% des voix et 41,3% des voix. Le 2eme conservateur fait 15,1% de voix et 15,8% des sièges.

19 septembre 2006 : les socio démocrates suédois font 35,0% des voix et 37,2% des sièges. Le parti conservateur monte et fait 26,2 et 27,8% des sièges. L’écart de 25 points est alors réduit à 10, et là les partis de droite (la « coalition bourgeoise ») arrive à être majoritaire sur le parti socialiste : elle est donc au pouvoir. Le parti social démocrate a souvent été au pouvoir, caractérisé par sa force.

  • Par sa situation centriste. Le cas principal a été la démocratie italienne jusque dans les 1990’s. 30% des voix à gauche (PC) et 20% des voix à droite. Pour évincer la démocratie chrétienne centriste, il fallait que gauche et droite s’allient, ce qui n’arrive jamais. Du coup elle était toujours au pouvoir.

Dans ces multipartismes les solutions peuvent être diverses, dans le cas d’un système a parti dominant c’est moins compliqué : il peut s’allier avec sa droite ou avec sa gauche.

Là aussi, cette situation est liée à la proportionnelle.

Ce système de parti a beaucoup plus d’importance que les règles de nomination du premier ministre, etc. Cela a beaucoup plus d’importance, c’est ce qui explique la différence entre le type britannique (dont on loue la stabilité) et d’autres plus instables. Cela donne un rôle différent au citoyen lorsque le rôle du parlement est simplement d’enregistrer quelle est la majorité voulue par les électeurs : c’est l’électeur qui décide directement par son vote qui va gouverner. C’est une évolution contemporaine importante des régimes parlementaires que de voir le gouvernement choisi directement par l’électorat. Du coup, cela fait un vote utile : l’électeur sait qu’il vote directement pour un gouvernement. Ceci s’expliquant par le fort encadrement de l’électorat par les partis politiques