Le seuil de rentabilité

LES COUTS PARTIELS : LE SEUIL DE RENTABILITÉ

Le seuil de rentabilité se définit comme le chiffre d’affaires hors-taxes que l’entreprise doit réaliser sur une période donnée afin d’obtenir un résultat nul sur cette période.

Le seuil de rentabilité permet de connaître le montant de chiffre d’affaires à partir duquel l’entreprise commencera à réaliser des bénéfices, autrement dit, le montant de chiffre d’affaires qu’elle doit atteindre pour pouvoir couvrir toutes ses charges.


I. Le seuil de rentabilité

A. Définition

Le seuil de rentabilité d’une entreprise est le chiffre d’affaires pour lequel l’entreprise couvre la totalité de ses charges sans bénéfices ni pertes. On parle aussi de chiffre d’affaires critique.

Si CA = Seuil de rentabilité, le résultat = 0

Si CA > Seuil de rentabilité => bénéfice

SI CA < Seuil de rentabilité => perte

B. Calcul du seuil de rentabilité

1) Chiffre d’affaires prévisionnel HT
Charges variables
2) Chiffre d’affaires – charges variables = marge sur coûts variables
3) Marge sur coûts variables / chiffre d’affaires x 100 = taux de marge sur coûts variables
4) Charges fixes / taux de marge sur coûts variables = seuil de rentabilité

C. Représentation graphique

Cf. doc 8.1

D. Interprétation

1) Utilité

La connaissance du seuil de rentabilité permet de définir le chiffre d’affaires minimum à atteindre pour un exercice. C’est un indicateur de base du tableau de bord de l’entreprise. Il est, en effet, intéressant de prévoir un seuil de rentabilité pour savoir à partir de quel niveau des ventes et à partir de quelle date une production sera rentable. Un calcul peut également être fait à postériori pour analyser une activité passée. De plus, le calcul du seuil de rentabilité met en relation la politique de vente, les coûts et le résultat de l’entreprise. Il est ainsi possible au travers de différentes hypothèses (par exemple en termes de changement de structure, de réduction de coûts opérationnels, de politique de prix) de prévoir la rentabilité de l’exploitation.

2) Les limites

Le seuil de rentabilité ne permet de définir un volume de vente que pour les entreprises mono-productrices ce qui est peu fréquent. Pour les entreprises ayant plusieurs produits, la connaissance du chiffre d’affaires critique ne permet pas de définir une combinaison optimale de produits, il en existe au contraire, une infinité de solutions.

II. Seuil de rentabilité et risque d’exploitation

Le gestionnaire peut établir des indicateurs de risque à partir de la connaissance du seuil de rentabilité.

A. Le point mort

1) Définition

Le point mort correspond à la date à laquelle au sein d’un exercice, le seuil de rentabilité est atteint. La date du point mort est un premier indicateur de risque de l’exploitation. Plus la date est tardive, plus le risque de ne pas atteindre le seuil est grand en cas de modification des conditions de vente et d’exploitation.

Point mort (en mois) = X 12 (si l’entreprise travaille 12 mois)

Par contre, on multipliera par 11, si elle connait un mois de fermeture.

Ce calcul suppose une linéarité du chiffre d’affaires sur l’année, ce qui veut dire que le CA cumulé se développe régulièrement avec le temps.

2) Application

Cf. doc 7.5

3) Cas de l’activité irrégulière

Souvent, l’activité de l’entreprise n’est pas régulière en cours d’année. C’est le cas des entreprises d’activité saisonnière ou des entreprises en expansion rapide. Dès lors, le point mort se détermine à partir de la série cumulée des chiffres d’affaires et la recherche de la date ne peut plus se faire sur un même graphique.

Cf. doc 8.2

B. La marge de sécurité

Lorsque le chiffre d’affaires est supérieur au seuil de rentabilité, l’entreprise peut calculer la marge de sécurité qui est égale à la différence entre le chiffre d’affaires annuel prévu moins le seuil de rentabilité.

Elle indique de combien le chiffre d’affaires peut diminuer sans descendre au dessous du seuil de rentabilité.

Une marge de sécurité importante permet de traverser sans graves difficultés une période de crise.

Marge de sécurité = CA prévu – SR

Dans le cas de l’entreprise Henri Goland : MS = 18 360 000 – 16 025 237 = 2 334 763€

Indice de sécurité = X 100

L’indice de sécurité exprime le pourcentage du chiffre d’affaires qui excède le seuil de rentabilité. C’est la fraction du chiffre d’affaires dont la marge sur coût variable fourni le bénéfice. Plus il est élevé, plus la rentabilité de l’entreprise est grande.

EX : IS = X 100 = 12.7%

L’indice de sécurité est parfois appelé indice de rentabilité.

C. Le levier d’exploitation

Le levier d’exploitation ou levier opérationnel représente l’élasticité du résultat d’exploitation avant charges et produits financiers par rapport au niveau d’activité ou chiffre d’affaires.

Coefficient de levier d’exploitation = = L = = X TMCV =

= TMCV*

Il permet de mesurer en valeur relative, l’impact sur le résultat d’une variation sur le chiffre d’affaires traduisant une certaine volatilité du résultat en fonction de la variation du chiffre d’affaires, il exprime la performance économique dans le cas d’un accroissement du chiffre d’affaires et le risque économique dans le cas d’une baisse.

I = = = = = =

Donc L =

Il faut que les charges fixes et le TMCV soient constants. Dans ces conditions, la volatilité du résultat s’expliquera par les seules variations des quantités vendues.

Dans le cas du doc 7.5, L = 7,87

Que pour un chiffre d’affaires qui augmente de 1%, le résultat d’exploitation va augmenter de 7.87%.

III. Seuil de rentabilité et modification des conditions d’exploitation

A. Le cas d’un changement structure

L’acquisition d’un nouvel investissement ou l’embauche de personnel permanent entraine une augmentation des coûts fixes de telle façon qu’il faut chercher un nouveau chiffre d’affaires critique.

L’entreprise crémaillère supporte les charges fixes d’un montant actuel de 150 000€ lui permettant de réaliser un chiffre d’affaires maximum de 1 200 000€. Afin d’accroitre son activité, l’entreprise crémaillère envisage un nouvel investissement pour le 1er/09, les charges fixes devant augmenter de 50 000€. Le TMCV restera égal quant à lui à 30%.

SR initial = 150 000 / 0.3 = 500 000€

SR nouveau = (150 000 + 50 000) / 0.3 = 666 667€

L’entreprise doit donc réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 666 667€ pour rentabiliser sa nouvelle structure ce qu’elle doit en principe réaliser. Mais une seconde question se pose : quel chiffre d’affaires minimal l’entreprise a-t-elle intérêt d’atteindre pour que l’investissement soit avantageux par rapport à la situation antérieure.

Résultat maximum initial = (1 200 000*0.3) – 150 000 = 210 000

Soit Y le chiffre d’affaires minimum tel que (Y*0.3) – 200 000 > 210 000

ó Y > ó Y > 1 366 667€

Si l’entreprise ne peut atteindre ce chiffre d’affaires, elle n’a pas intérêt à changer de structure.

B. Le changement du taux de marge

Le taux de marge peut également être modifié en cours d’exercice en fonction de divers changements possibles : prix de vente modifié, le prix d’achat de certaines matières, le prix de la main d’œuvre…

L’entreprise en faillite fabrique un produit B, sa MCVU est de 20€ et les CF s’élèvent à 400 000. En fonction du marché, le prix de vente doit rester stable mais une augmentation subite du cours des matières premières réduit la MCV de 25% au moment où l’entreprise a déjà produit 10 000 articles.

SR initial volume = 20*Q° = 400 000 ó Q° = 20 000 unités

SR nouveau ? => Nouvelle MCVU = 15€

Q² = 20*10 000 + 15*Q° = 400 000

Q° = (400 000 – 200 000) / 15 = 13 333 = nombres d’articles qu’il reste à produire pour atteindre le seuil de rentabilité. Par contre au total, le nombre d’articles à produire est de 23 333.