Quels sont les déterminants de la consommation ?

La fonction de consommation : quels sont les déterminants de la consommation?

  • Consommer est l’acte d’utiliser un bien ou un service à des fins individuelles ou collectives (définition de la Comptabilité nationale) ;
  • La consommation est la destruction immédiate ou progressive de biens ou de services dans le but de satisfaire des besoins.

Quels sont les déterminants de la consommation? Le consommateur choisit en fonction de son revenu et des prix du marché ce qui lui est le plus utile d’acheter. Ses choix découlent de l’utilité du bien ou du service consommé. Le choix du consommateur dépend aussi de variables non économiques.

La fonction de consommation a pour objectif d’analyser l’évolution de la consommation globale des ménages à l’aide d’un certain nombre de variables explicatives .

KEYNES ne fut pas le seul économiste à reconnaître l’existence d’une relation entre la consommation et le revenu , mais il fut le premier à développer systématiquement cette idée dans la Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie . Après avoir été vérifiée statistiquement, la fonction de consommation keynésienne fut complétée par la prise en compte d’autres variables explicatives .

Résultat de recherche d'images pour "consommation"Schématiquement, deux grands courants s’opposent, les keynésiens et les néo-classiques, Keynes et ses partisans ont une vision macroéconomique où le revenu se partage entre épargne et consommation. L’autre analyse privilégie l’étude microéconomique où l’agent adopte un comportement rationnel et essaie de maximiser sa satisfaction personnelle.

1 ) L’analyse de J.M .KEYNES :

Keynes relie les variations de la consommation des ménages aux variations du revenu global en faisant deux hypothèses :

– les dépenses de consommation sont une fonction stable du revenu ,

– la propension marginale à consommer est positive et inférieure à 1.

La fonction de consommation peut être schématisée par une droite d’équation

C = cY + Co dont la représentation est faite au graphique 1, avec

C = la consommation,

Y = le revenu,

c = la propension marginale à consommer ,

Co = la consommation incompressible

la représentation de la fonction de consommation keynésienne .

Cours d'économie

Les premières vérifications statistiques effectuées aux Etats-Unis à partir des budgets familiaux confirmèrent le bien-fondé de l’analyse keynésienne , mais firent apparaître le caractère très contraignant des premières hypothèses formulées .

Deux autres hypothèses , moins clairement affirmées par KEYNES , permettent d’établir une fonction de consommation plus réaliste :

– la propension moyenne à consommer est supérieure à la propension marginale; elle diminue par conséquent avec l’accroissement du revenu ;

– la propension marginale, elle-même diminue avec l’accroissement du revenu .

Si les variations du revenu national expliquent en grande partie les variations de la consommation des ménages , il ressort de l’ensemble des études que d’autres facteurs doivent être pris en considération car les fonctions keynésiennes sont incapables d’expliquer parfaitement toutes les variations de la consommation .

2 ) La prise en compte des décalages :

L’étude attentive des données statistiques fait apparaître que la consommation des ménages diminue moins que le revenu en période de dépression et qu’elle s’accroît moins que le revenu en période d’expansion.

Pour expliquer ce phénomène, DUESENBERRY (1949) introduit un nouveau facteur : le décalage temporel. La raison de la moindre diminution de la consommation en période de récession tient au fait que les ménages ajustent leurs dépenses de consommation non seulement à leur revenu actuel, comme le pensait KEYNES, mais également à leurs revenus antérieurs et plus spécialement au plus haut revenu obtenu par le passé .

Dans ces conditions, en période de dépression, les consommateurs essaient de protéger leur niveau de consommation en réduisant l’épargne. En période d’expansion, par contre, la consommation s’élève lentement, car l’accroissement des revenus permet aux ménages de reconstituer leur épargne. Quand le revenu dépasse le niveau ancien le plus élevé, la consommation reprend plus vigoureusement. C’est ce que DUESENBERRY, mais surtout BROWN (1952) qui a repris en grande partie l’analyse appelle « l’effet de cliquet ».

En représentant par Y le revenu le plus élevé obtenu dans le passé, la fonction de consommation présente la forme générale suivante :

Ct = a Yt + b Y

En période de croissance économique, il arrive souvent que le revenu le plus élevé obtenu dans le passé corresponde au revenu de l’époque précédente de sorte que la forme générale suivante devient :

Ct = A Yt + b Y t-1

Dans le même ordre d’idée, certains auteurs ont relié la consommation en t à la consommation et non pas au revenu de l’époque t – 1 , de sorte que la forme générale de la fonction devient :

Ct = A Yt + b Ct-1

3 ) La prise en compte du long terme et de la richesse :

Comme il a été signalé dans le paragraphe 1, la fonction keynésienne fut confirmée par des études sur les budgets familiaux. Ces études montraient que les ménages à faible revenu avaient une propension moyenne à consommer supérieure à l’unité et ceux à haut revenu une propension inférieure à l’unité. En d’autres termes, la propension moyenne à consommer diminuait avec le revenu, la propension moyenne à épargner augmentant avec ce dernier. Cependant , des études sur les comportements de consommation à long terme ( 20 à 50 ans ) ont fait apparaître une relative stabilité de la propension moyenne à épargner , ce qui signifiait que les ménages consommaient une proportion à peu constante de leur revenu.

La fonction de consommation de long terme peut s’écrire :

C = c Y où c = C / Y la propension moyenne à consommer = la propension marginale à consommer = constante.

Dans ces conditions, la fonction d’épargne s’écrit :

S = Y – C

S = Y – cY

S = ( 1-c) Y

et la propension moyenne à épargner , ou taux d’épargne , est égale à S/Y = 1-c = s = constante .

Deux analyses ont proposé des explications à la proportionnalité à long terme entre la consommation et le revenu et la stabilité des comportements de consommation : la théorie du revenu permanent et celle du cycle de vie. Elles intègrent l’une ou l’autre la richesse accumulée par les ménages.

A ) La théorie du cycle de vie :

Elaborée par l’économiste américain MODIGLIANI en 1963 , cette théorie soutient que la consommation représente une proportion à peu près constante du revenu des ménages tout au long de leur durée de vie , qui peut être divisée en trois périodes principales : la vie non active , la vie active et la retraite .

La stabilité de la consommation est rendue possible pendant la vie active par la perception d’un revenu courant qui excède les besoins de consommation. L’épargne ainsi dégagée permet l’accumulation d’une richesse mobilière et immobilière W, dont la relative liquidité contribue à la stabilité de la consommation.

Pendant la retraite, l’utilisation de la richesse comble la désépargne due à la baisse du revenu courant.

Durant la vie active, malgré l’absence de revenu courant, la consommation est stable en raison notamment de la richesse léguée par les parents. Si à chaque génération, les jeunes , les actifs et les retraités ont les mêmes comportements , et si sur longue période la population comprend une proportion identique d’actifs et d’inactifs , les propensions à consommer et à épargner demeurent constantes . La fonction de consommation proposée par MODIGLIANI peut s’écrire:

C = c W/P + b Y

où W/P est la richesse réelle , P le niveau des prix et Y le revenu courant .

La richesse est un facteur de stabilisation de la consommation en raison non seulement de la vente d’actifs qui la composent, mais aussi de l’effet de richesse réelle. Supposons par exemple la mise en oeuvre d’une politique économique restrictive de lutte contre l’inflation aboutissant à une diminution de la consommation et à une baisse des prix. Cette dernière se traduit par un accroissement de la richesse réelle W/P, qui permet de stabiliser le ralentissement de la consommation .

L’hypothèse du cycle de vie , testée notamment aux Etats-Unis entre 1953 et 1975 a mis en évidence le rôle non négligeable de la richesse réelle dans les comportements de consommation.

Graphique 2 : La consommation et le cycle de vie

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4 ) Les autres variables explicatives :

Un certain nombre d’autres variables peuvent influer profondément sur la consommation, certaines ont un rapport étroit avec les comportements sociologiques .

A ) L’effet d’imitation de DUESENBERRY ( 1949 )

La théorie de DUESENBERRY sur le groupe d’appartenance repose sur une analyse sociologique : le modèle des A et des non A . L’idée est la suivante : les A sont constitués du groupe leader de référence ( cadres , professions libérales ), ceux-ci tracent la voie et créent les nouveaux modèles de consommation . Les non A ( tous les autres groupes ) essaient d’imiter les A et copient leurs dépenses dès qu’ils le peuvent . Aussitôt rejoints , les A adoptent de nouveaux signes distinctifs , chaque catégorie socio-professionnelle donnerait à celle qui la suit (par les revenus , le statut ) un modèle de consommation à reproduire … Ainsi , tout citoyen d’une classe donnée tend à acquérir le comportement de la classe immédiatement au-dessus .

Le club des « privilégiés » servirait de modèle de référence aux autres catégories sociales qui tentent de suivre ses dépenses lorsque leurs revenus augmentent ou lorsque la production de masse banalise les objets . Cette théorie peut constituer une vision généralisée du retard , car ce qui est vrai entre A et non A se répète dans le détail entre cadres supérieurs et moyens , entre ceux-ci et les employés ..

Cette course poursuite aux modèles supérieurs suppose que les besoins ne sont pas structurellement différents entre cadres , ouvriers et patrons .

B ) L’analyse de BOURDIEU : l’habitus :

BOURDIEU a remis en question l’adage populaire : « des goûts et des couleurs on ne discute pas » . Pour lui , il est possible de déterminer les facteurs profonds et structurels du goût du « consommateur » . Sans doute , pour BOURDIEU , les écarts dans le niveau de la consommation s’expliquent par des différences de revenus mais les probabilités pour qu’un commerçant , un ouvrier ou un professeur apprécient les oeuvres de PLATON , la musique de MOZART ou la peinture moderne sont très différentes et il en résulte des conséquences importantes sur la nature de la consommation .

Un des intérêts de l’étude de BOURDIEU est d’intégrer aspects culturels et économiques dans les comportements de consommation . Tout en analysant les aspects sociologiques , il met en évidence le rôle important du revenu : « Les gros commerçants à l’inverse des professeurs ont un « capital culturel » faible et un « capital matériel » élevé , ils ont aussi des consommations alimentaires très fortes et des dépenses de présentation faibles . Les professions libérales consacrent une part relativement modeste de leur budget à l’alimentation , mais beaucoup pour soigner leur apparence et par contre la culture à un pourcentage moyen dans leur budget malgré un niveau scolaire proche des professeurs (approche plus utilitariste de la consommation )